Le casse-tête du « Scope 3 » dans le bilan d’émissions de gaz à effet de serre des entreprises

Comprendre les enjeux du Scope 3

La réalisation d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre est un enjeu majeur pour les entreprises afin d’atteindre la neutralité carbone préconisée par l’Accord de Paris en 2015. Cependant, le scope 3 représente un véritable défi, tant par son ampleur que par ses difficultés d’accès aux données des autres parties prenantes. En effet, il englobe l’ensemble des émissions provenant des chaînes de production amont et aval, ce qui demande une transparence et une coopération importantes entre les différentes entreprises impliquées.

Obligations légales et défis pour les entreprises

Bien que certaines législations imposent la publication d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre aux entreprises et groupes cotés en Bourse, elles ne concernent généralement que les émissions directement liées aux activités de l’entreprise ou celles liées à la production d’énergie qu’elle achète. Ainsi, le scope 3 reste facultatif mais recommandé pour les sociétés souhaitant aller plus loin dans leur politique de réduction des émissions. Cette démarche volontaire soulève toutefois plusieurs problèmes notamment en termes d’accès aux données et de collaboration entre acteurs économiques.

Manque de transparence et accès aux données

Certaines entreprises rechignent à partager les données nécessaires au calcul des émissions du scope 3, soit par crainte d’exposer leurs propres faiblesses environnementales, soit parce qu’elles n’ont pas elles-mêmes accès à ces informations. Le manque de transparence et d’accès aux données constitue un frein majeur à l’élaboration d’un bilan d’émissions fiable et exhaustif.

Complexité de la chaîne d’approvisionnement et sous-traitance

Du fait de la globalisation croissante des marchés et de la complexité grandissante des chaînes de production, il devient également difficile pour les entreprises d’établir leur bilan d’émissions avec précision. La sous-traitance implique souvent une multitude d’acteurs, ce qui rend l’accès aux données encore plus compliqué et le calcul des émissions fastidieux.

Vers une meilleure collaboration entre acteurs économiques

Pour surmonter ces obstacles et garantir un bilan d’émissions de gaz à effet de serre complet, plusieurs pistes sont envisageables. Tout d’abord, il est crucial de renforcer la coopération entre les différentes entreprises, en créant notamment des groupements professionnels ou des associations sectorielles qui œuvrent dans le même but de réduction des émissions. Ceci permettrait de faciliter les échanges de données et d’encourager une démarche collective.

Mise en place d’outils spécifiques pour le scope 3

Afin de pallier le manque d’informations disponibles et la complexité du calcul des émissions, il est indispensable de développer des outils adaptés pour évaluer les émissions du scope 3 de manière plus précise. Plusieurs organismes travaillent déjà sur cette question, comme le GHG Protocol qui propose une méthodologie spécifique pour mesurer et gérer ces émissions indirectes.

Incitations fiscales et réglementaires

Au niveau des pouvoirs publics, il serait judicieux de mettre en place des incitations fiscales ou réglementaires pour encourager les entreprises à s’intéresser davantage au scope 3. Par exemple, des allégements fiscaux pourraient être accordés aux sociétés qui s’engagent à réduire leurs émissions indirectes. De même, l’instauration d’une obligation légale de publier un bilan complet incluant toutes les émissions pourrait contribuer à sensibiliser les entreprises à l’importance de prendre en compte le scope 3 dans leur politique environnementale.

L’élaboration d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre prenant en compte le scope 3 est loin d’être une mince affaire. Les défis sont nombreux et complexes, maisil convient de ne pas perdre de vue que cet effort est crucial pour parvenir à atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Il est temps pour les acteurs économiques de se mobiliser autour d’une démarche responsable et solidaire afin de garantir un avenir plus respectueux de l’environnement.

 

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