L’upcycling, plus qu’une tendance, un nouvel art de vivre

Dans la lignée des initiatives éthiques en faveur d’un mode de vie durable, l’upcycling se fait une place au soleil depuis plusieurs années. Réduire les déchets, limiter la production, stimuler l’innovation et penser la consommation autrement, l’upcycling est un véritable art de vivre. Immersion dans un univers prometteur aussi écolo qu’artistique, tenant autant du haut de gamme que du « do it yourself ».

Upcycler ou créer de la valeur

C’est dans sa faculté à se distinguer du recyclage que se dessinent les enjeux et les ambitions de l’upcycling. Recycler vise à reconditionner des produits usagés pour en récupérer la matière première utilisable. L’upcycling – ou surcyclage en français – opte pour un tout autre challenge : métamorphoser les jetables en objets de valeur.

On peut donc définir cette approche comme une forme de recyclage vers le haut, une façon de transformer en apportant une valeur ajoutée. L’upcycling est un processus ambitieux, assorti d’une vision créative. Il ne s’agit pas seulement de récupérer, mais de faire mieux. Raison pour laquelle l’art et la haute couture se sont rapidement approprié le concept.

Les fondements de l’upcycling dessinent une nouvelle façon d’acheter, d’utiliser, de fabriquer, de créer. En ce sens, ce n’est pas seulement un processus concret mais également la source d’un changement de paradigme dans nos modes de consommation et dans notre vision du matériel.

Quelles sont les origines de l’upcycling ?

Sans être formalisés, les principes de l’upcycling sont à l’œuvre depuis longtemps. Dans des circonstances où l’on dispose de moyens limités, l’être humain est naturellement poussé vers la débrouillardise et la créativité. Nécessité fait loi, toutes les astuces sont alors les bienvenues pour bricoler ce dont on manque. Aujourd’hui encore, dans de multiples régions du monde, les jantes de voiture sont des foyers de cuisson, les bouteilles en plastique des flotteurs pour pirogues et les vêtements usés des rembourrages pour les matelas.

Dans nos sociétés de consommation actuelles, où l’on jette pour racheter et où le concept d’obsolescence programmée est familier, ces principes ont été oubliés. C’est la menace de la crise climatique qui vient, tardivement, réveiller les consciences. Au milieu des années 90, un ingénieur allemand nommé Reiner Pilz, attribuait un nom au concept pour la première fois. Il concrétisait sa réflexion dans l’idée « d’ajouter de la valeur à des objets usagés ». Quelques années plus tard, William McDonough, architecte américain, et Michael Braungart, chimiste allemand, rédigeaient un ouvrage popularisant les contours de l’upcycling. « Cradle to cradle : Remaking the way we make things » défendait, entre autres, une logique de création et de réutilisation à l’infini.

Depuis le début du siècle, l’upcycling a le vent en poupe. Rien d’étonnant puisqu’il s’inscrit résolument dans des préoccupations sociétales grandissantes. Le concept offre des solutions efficaces et novatrices aux problématiques de durabilité, d’éthique consumériste et d’écologie. Il est également porté par de nombreuses firmes soucieuses de remplir leurs engagements en termes de Responsabilité Sociétale des Entreprises. Le consommateur est partie prenante du phénomène, lui aussi. Il s’intéresse, de plus en plus, aux origines de ses acquisitions et à l’impact de son comportement. Le recyclage à haute valeur ajoutée joue également un rôle moteur dans les secteurs des arts et de la mode, stimulant l’innovation et inspirant les jeunes créateurs. 

Recyclage et upcycling : quelle différence ?

Ces deux approches se rejoignent au niveau de leurs objectifs, c’est-à-dire produire moins et jeter moins. Elles favorisent l’économie circulaire, la créativité et le réemploi. Elles épargnent les matières premières et les ressources naturelles. Elles réduisent les processus de production, limitent la création de déchets ainsi que la consommation d’énergie. Si les valeurs se ressemblent, les processus et les domaines concernés sont bien distincts.

Existant depuis la nuit des temps, systématisé depuis quelques décennies, le recyclage est l’une des grandes pistes de solution à la génération massive de déchets. L’usage de papier ou de verre recyclé est désormais bien ancré dans nos habitudes. Par des processus de tri et de transformation, recycler vise à extraire les parties encore utilisables des jetables pour en exploiter les matières premières. De façon générale, la méthode permet de récupérer une part des déchets tout en éliminant le reste. Dans les pays occidentaux, le recyclage est généralisé et organisé de manière industrielle.

L’upcycling propose une seconde vie et un saut de classe aux produits usés ou délaissés. Sans oublier l’aspect environnemental, on se place alors davantage d’un point de vue artistique et innovant. Il s’agit de créer des objets uniques, de valoriser leur histoire, de créer la rencontre entre le passé et la modernité, de les faire revivre sous un angle d’approche créatif. Le surcyclage peut aussi trouver sa voie dans des applications quotidiennes mais reste dans l’idée d’améliorer la qualité du produit initial.

Quelques exemples d’upcycling

On retrouve bien sûr, à la proue de l’upcycling, les professionnels de l’art et de la décoration. Le concept séduit également la mode qui, sous la coupe de la fast fashion, subit un bilan annuel de déchets catastrophique. Mais des entreprises innovantes de secteurs variés en ont aussi professionnalisé la pratique. En exemple, la maison Bilum qui conçoit des sacs, des housses et des montgolfières en matériaux de récupération.

Si certains domaines d’activités en font un usage professionnel, l’upcycling est cependant à la portée de tous. A la fois investissement éthique et loisir créatif, le DIY a introduit ses principes dans le quotidien des particuliers. Avantages ? Limiter ses déchets, réduire ses dépenses, profiter d’objets uniques, acquérir des techniques manuelles et créatives, sans oublier la satisfaction d’avoir conçu une œuvre de ses mains.

Au rayon des essais couronnés de succès, les meubles et les objets en palettes récupérées sont un pari gagnant. On connait aussi la machine à coudre ancienne devenue une table d’appoint ou un petit bureau. Les caisses de vin disposées en étagères, les bocaux en abat-jours et les bouteilles relookées en vases font désormais parties des classiques de l’upcycling. La valorisation des déchets de construction inspire les esprits imaginatifs qui les métamorphosent en mobilier ultra-moderne. La couture homemade, qui connait un succès grandissant ces dernières années, se fait forte d’une collection de créations upcyclées. Au menu : les lingettes démaquillantes, les trousses en jeans ou encore les patchworks en tissu de chemises.

Ces marques qui proposent une gamme upcyclée

Grande pionnière de l’upcycling et des initiatives pour l’environnement, la maison Margiela présentait déjà, en 1989, une collection de vêtements novatrice confectionnée à partir de sacs en plastique. Fouillant les friperies pour façonner des looks originaux, le créateur avait le concept de la récup’ dans la peau depuis ses débuts. Sa vision de l’upcycling ne s’est pas arrêtée à la revalorisation de vêtements. Il s’est également attaqué à la transformation de matériaux originaux ou incongrus en tous genres.

La couturière et artiste Marine Serre compte, parmi ses gammes de créations vestimentaires, une ligne nommée Green qui repose sur le concept de l’upcycling. Dans sa toute récente collection « Fichu pour fichu », elle offre une vie nouvelle et inattendue à des objets du quotidien comme des torchons et des fichus. La créatrice envisage le recyclage vers le haut comme une démarche minimaliste, limitant le nombre d’actions de transformation. Elle appréhende la mode tel un canal de diffusion de ses points de vue philosophiques. Plus que de concevoir une énième collection de vêtements, il lui tient à cœur de porter l’évolution des valeurs du métier.

Spécialisés dans la métamorphose des tissus de maison, les Récupérables sont renommés pour leurs gammes d’imprimés fleuris et leur ton vintage. Draps, rideaux et nappes font peau neuve à travers des collections produites exclusivement en France. La marque éco-responsable commercialise également des pièces uniques.

Du côté du design upcyclé, la firme Septembre dessine des lampes originales à partir de bouteilles de vin. La boutique Les Fleurs est spécialisée dans la création de tapis bohèmes à base de chutes de tissu. La marque anglaise, Pentatonic, récupère une variété de déchets en verre, plastique ou aluminium pour en développer du mobilier ou des objets atypiques.

Processus durable et source bouillonnante de créativité, l’upcycling a de beaux jours devant lui. Le concept déploie ses méandres dans des secteurs de plus en plus variés. Un outil de lutte contre les déchets et le gaspillage dont les qualités attractives lui assurent une popularité croissante.

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