Un été 2022 et un été 2023 marqué par la chaleur et la sécheresse
Le mix électrique français, reposant principalement sur le nucléaire et l’hydraulique, est fortement dépendant de l’eau, ressource critique lors des étés caniculaires. L’été 2022 a été le deuxième le plus chaud jamais enregistré après celui de 2003, selon Météo France. Il a aussi été marqué par une pluviométrie déficitaire : juillet 2023 est le mois de juillet le plus sec sur la période 1959-2023 à l’échelle nationale. Alors faut-il craindre des blackouts l’été dans les prochaines décennies ? Avec le réchauffement climatique, faut-il encore miser sur le nucléaire et l’hydraulique comme principales sources d’électricité ?
L’impact de la canicule et de la sécheresse sur la production électrique
Il est important de faire le bilan de l’été électrique pour comprendre comment la consommation et la production ont résisté à cette année particulièrement chaude et sèche. Les exigences présentées au système électrique sont multiples : répondre à la demande de consommation, le faire avec la plus faible émission de gaz à effet de serre possible, tout en fournissant l’eau des barrages aux autres usages, et en étant capable de répondre à une demande extérieure.
En ce qui concerne la consommation, le quatrième été le plus chaud de l’histoire a entraîné une hausse significative de la demande en électricité. En particulier lors des vagues de chaleur qui ont frappé le pays au cours des derniers mois. Cette situation a mis sous pression les installations de production électrique, notamment celles reposant sur le nucléaire et l’hydraulique.
Les problèmes rencontrés par les centrales nucléaires durant l’été 2022
EDF a différé, par exemple, le redémarrage d’un réacteur nucléaire de la centrale de Golfech, au nord-ouest de Toulouse. C’est une conséquence directe de la sécheresse aggravée par l’épisode de chaleur qui s’est abattu sur une grande partie sud de la France en ce mois d’août. L’électricien veut éviter de dépasser les normes maximum de températures des eaux de la Garonne où la centrale rejette ses eaux de refroidissement.
Cet incident soulève des inquiétudes quant à la capacité du parc nucléaire français à faire face aux défis posés par le changement climatique. La disponibilité et la qualité de l’eau sont essentielles pour le refroidissement des réacteurs nucléaires, et la sécheresse persistante pourrait compromettre cette ressource vitale.
Le secteur de l’hydroélectricité également touché par la sécheresse
Pour l’hydroélectricité, la situation n’est guère plus réjouissante. La sécheresse a réduit les niveaux d’eau dans les lacs et les rivières, limitant la production des centrales hydroélectriques. De nombreux barrages ont dû réduire leur débit pour préserver leurs réserves d’eau, afin de faire face à une possible aggravation de la situation dans les mois à venir.
Faut-il repenser le mix électrique français ?
Face à ces défis, il est légitime de se demander si le système électrique français doit évoluer. Le recours aux sources d’énergie renouvelable telles que l’éolien et le solaire semble incontournable pour garantir un approvisionnement stable en électricité en période de canicule ou de sécheresse. Ces technologies sont également moins émettrices de gaz à effet de serre et contribueront donc à la transition énergétique nécessaire pour lutter contre le changement climatique.
Cependant, abandonner complètement le nucléaire n’est pas une solution réaliste à court terme, étant donné l’importance de cette source d’énergie dans le mix électrique actuel. Des investissements seront donc nécessaires pour adapter les installations existantes au réchauffement climatique et trouver des solutions pour maintenir leur efficacité malgré la baisse des ressources en eau.
Repenser l’utilisation de l’eau dans la production d’électricité
Enfin, il sera crucial de repenser l’utilisation de l’eau dans la production d’électricité. Des recherches doivent être menées pour trouver des méthodes de refroidissement plus économes en eau, dans le but de réduire l’impact des périodes de sécheresse sur la production électrique. Des solutions plus intégrées, telles que la combinaison de différentes sources d’énergie, pourraient également permettre de mieux gérer les demandes et les ressources d’eau durant les périodes critiques.
La sécheresse et la canicule estivale ont une fois de plus mis en lumière la fragilité du mix électrique français face au changement climatique. Si des mesures ne sont pas prises pour s’adapter à ces défis, le risque de pannes électriques et de blackouts pourrait s’accroître dans les années à venir. Il est donc essentiel de repenser notre façon de produire de l’électricité et de gérer nos ressources en eau afin de garantir un approvisionnement stable et durable pour tous.