La loi énergie-climat de 2019 encourage désormais les sociétés de gestion à publier un rapport de leurs investissements en biodiversité, et des risques que l’érosion de la biodiversité fait peser sur leurs investissements. Son article 29 précise : « les sociétés de gestion de portefeuille incluent une information sur les risques associés au changement climatique ainsi que sur les risques liés à la biodiversité.»
Les sociétés de gestion ont donc commencé à publier leur empreinte biodiversité, avec une difficulté majeure : il n’existe pas de mesure simple, synthétique et globale de l’impact d’un investissement sur la biodiversité. D’une part, les effets sont nombreux : artificialisation des sols, pollution de l’air et des eaux, surexploitation des ressources… D’autre part, une bonne métrique devrait prendre en compte l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises.
« Nous avons calculé une première empreinte biodiversité, pour l’instant sur le seul périmètre des actions cotées et uniquement sous l’angle des impacts négatifs qu’ont nos investissements », témoigne Mathilde Dufour, directrice de la recherche en développement durable chez Mirova. Côté Carbon4Finance, Mona Huys assume aussi une mesure partielle : « Nous couvrons l’ensemble des secteurs d’activité et nous approfondissons ceux qui concentrent les plus forts enjeux, par exemple l’agriculture, l’énergie et les mines »
Des travaux menés dans le cadre de la Mission Économie de la Biodiversité ont abouti au Global Biodiversity Score, un outil encore en amélioration, pour mesurer l’abondance moyenne des espèces en MSA.km². Les premiers chiffres sont alarmants : BNP Paribas Asset Management a mesuré 70% de ses encours investis, pour une empreinte biodiversité de – 8.000 MSA au km², soit une artificialisation complète d’une surface de 8.000 km² — cinq fois la taille de Londres !
Toutefois, la législation française laisse entrevoir une amélioration, en sensibilisant les fonds d’investissement à une thématique dont l’Union Européenne ne s’est pas encore emparée. Emmanuel Parmentier, d’Indefi, en témoigne : « L’article 29 pousse les acteurs à se familiariser avec le concept de biodiversité, comme l’article 173 l’a fait avec le climat, et on voit d’ores et déjà émerger en France un écosystème de fournisseurs de données et de consultants sur le sujet »